Pour qu’une œuvre d’architecture soit belle ,il faut que tous les éléments possèdent une justesse de situation ,dimensions , de formes et de couleur.

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Jean-Claude Dubois Architecte

PORTFOLIO

Pour qu’une oeuvre d‘architecture soit belle, il faut que tous les éléments possèdent une justesse de situation, de dimensions, de formes et de couleur.”

Antonio Gaudi



Hôtel Novotel

Les palmiers qui bordent le Novotel d’Antananarivo paraissent petits, comme des brins d’herbe qui chatouilleraient les pieds de l’hôtel. Justement ! Vu de côté, on a envie de sauter à cloche-pied sur la façade. Elle ressemble à une marelle. C’est un jeu bien ancien que l’on retrouve sur le sol du forum de Rome. L’enfant part de la terre pour arriver au paradis. Une fois là-haut, il regarde encore le bâtiment. Il pense à une pièce d’un Tetrix géant qui serait, d’un seul coup, tombée du ciel. Ces angles parfaits doivent bien s’emboîter avec quelque chose, pense-t-il.

Tour Orange

La surface vitrée de la Tour Orange d’Antananarivo reflète les nuages. Elle nous dit qu’en matière de communication tout se passe en haut. Une tour, c’est arrogant. Sur le côté la ligne verticale et transparente ressemble au galon des uniformes d’autrefois. Obéissante, elle ne cherche pas la démesure, les hauteurs vertigineuses où l’homme se perd. Elle est lien, onde, antenne. La tour est le phare qui rayonne et veille sur la ville. Devant, la ligne des fenêtres ressemble à une échelle que personne ne peut gravir. Cette tour fait rêver, comme si l’homme moderne avait volé aux dieux le secret pour être reliés entre eux.

Novotel Bureaux

« Cinquante nuances de gris » pourrait être le nom des bureaux qui font face au Novotel. Il faut le prendre au sens littéral sans imaginer autre chose que la couleur, sans penser à ce qui se passe à l’intérieur. On a envie de passer la main sur la surface du bâtiment pour s’assurer qu’il n’est pas plat. Les perspectives trompent. Cet immeuble semble n’être qu’une peinture accrochée dans le bas du ciel, comme la frange d’un rideau.

Fitaratra Bureaux

Quelqu’un a découpé le ciel avec des grands ciseaux ! Il se reflète maintenant sur l’immeuble Fitaratra, comme s’il voulait reprendre sa place. Son nom l’indique, Fitaratra est maintenant l’immense miroir du ciel. Le bâtiment permet de voir loin. Le passant se demande s’il n’y a pas quelque sorcellerie.Si cette construction avait un esprit, il serait celui qui montre ce qui est caché, celui qui fait oublier l’artiste pour révéler l’art. Malgré sa grandeur, l’immeuble Fitaratra sait être discret comme s’il avait eu la permission de la nature pour embellir ce lieu.

Aéroport International d’Antananarivo

Songe à la douceur d’aller là-bas vivre ensemble. Par ces mots, le poète nous invite au voyage. L’immense toit qui recouvre l’aéroport d’Ivato protège des ciels brouillés et des soleils mouillés. De haut, par le hublot de l’avion qui s’approche, le voyageur imagine des voiles, ou des ailes. Elles sont vertes et bleues. Ce sont peut-être des vagues. Il y a du mouvement dans ce bâtiment, un élan vital. Près de l’eau et proche du ciel, ses formes se fondent dans les éléments, comme s’il avait toujours été là.

Kube Galaxy Bureaux

Si le ciel se cassait, ses morceaux ressembleraient à ces immeubles Kube. On croirait qu’une main invisible les a pris et les a posés bien alignés sur le sol. Ici, le ciel se reconstitue sur la terre. Les fragments ne sont pas tout à fait carrés, ni tout à fait lisses. Ils nous disent quelque chose de mystérieux comme les vieux menhirs d’Armorique dont la tête en l’air semble dialoguer avec je ne sais qui.

Villa Pradon Commerces et Bureaux

Quand il y a beaucoup de vitres, on a envie de regarder ce qui se passe à l’intérieur. Alors le visiteur s’approche de la Villa Pradon. Il veut se promener ,regarder,acheter. Avant d’entrer, il s’arrête, bloqué par le rouge du bâtiment. Le rouge, c’est la couleur du sang. Les anciens racontent que les vieilles maisons étaient parfois peintes en sang de bœuf qui aurait des propriétés contre le vieillissement. Le rouge sang de la Villa, c’est l’explosion de la vie. Les émotions sont rouges. L’homme furieux est rouge de colère.

Ne dit-on pas que l’on rougit lorsque l’on est troublé ?

La Villa est troublante. Des colonnes pointues comme des crayons semblent écrire dans le ciel.

Le bâtiment parait vivant. Il bouillonne comme un marché.







Hôtel Ibis

Les hôtels se ressemblent. De Paris à New York, de Bangkok à Johannesburg, ils sont plantés dans un décor mondialisé qui rassure et agace. L’hôtel Ibis d’Antananarivo, paquebot échoué, s’impose comme une digression au récit d’une société uniforme. Le visiteur a envie de toucher ses formes arrondies. Il ne le fait pas, impressionné par sa couleur bleutée, rafraîchissante. Son regard glisse sur la ligne des fenêtres. Il n’a vu cela nulle part ailleurs. Elles sourient et l’invitent à entrer. Un hôtel reste un hôtel. Sobre, l’Ibis d’Antanarivo rejette les fioritures qui encombrent les édifices égocentriques. Fier, il se veut outil utile au service d’une capitale tournée vers l’avenir.


Studio de Madagascar

MADAGASCAR

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Textes de Philippe de Dinechin